Ça faisait un moment que ce titre me faisait de l’œil (merci à sa couverture), et j’ai finalement plongé grâce à une collègue qui m’a prêté son exemplaire. Et je la remercie !
C’est de très loin le roman qui m’a le plus accroché ces derniers mois, au point d’avoir immédiatement enchaîné avec le second tome (je me suis même couché à 4h du matin en semaine parce que je refusais de stopper ma lecture avant la fin). J’ai vraiment adoré l’univers, les personnages, l’écriture,… et surtout il se détache des autres livres que j’ai pu lire dernièrement par son originalité. Et je dois dire que c’est plutôt agréable étant donné l’uniformité qui règne dans la littérature « jeunesse » actuellement, avec tous ces héros stéréotypés. Ici on est loin de tout cela et c’est tant mieux !
Les couvertures sont magnifiques et singulières : un fond de couleur unie et des illustrations type esquisse/crayonné sublimes, et le tout est enrichi par un fer à chaud – bleu pour le tome 1 et doré pour le tome 2 – qui leur donne un cachet supplémentaire. Ce sont vraiment de beaux ouvrages ! (les visuels sont à la fin de l’article).
Comme j’ai enchaîné les deux à la suite, je préfère les chroniquer ensemble, en faisant simplement deux parties.
LA PASSE MIROIR livre I – les fiancés de l’hiver
de Christelle Dabos
« […] Quand Dieu était content, il écrivait. Quand Dieu était en colère, il écrivait.
Et un jour, où Dieu se sentait de très mauvaise humeur, il a fait une énorme bêtise.
Dieu à brisé le monde en morceau. »
Le monde à éclaté. Les survivants se sont réfugiés sur des arches (sortes d’îles flottantes placées sous la protection d’être fantastiques et immortels) oublieux des temps passés.
Notre héroïne Ophélie, d’une nature plutôt timide et maladroite, passe des jours tranquilles sur l’arche d’Anima plongée dans les livres et les archives de son musée. Car si tous les membres possèdent des dons leur permettant d’interagir avec les objets et les animer, Ophélie elle, possède des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et de ses précédents possesseurs, et traverser les miroirs…
Sa vie est bouleversée lorsque fiancée à Thorn, noble membre du puissant clan des Dragons, elle se voit contrainte de le suivre loin de sa famille, sur une arche distante et glacée, et se retrouve plongée malgré elle au cœur des intrigues et des complots d’une communauté dont elle ignore tout…
a
Lauréate du concours « premier roman jeunesse » organisé par Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama, Christelle Dabos nous livre ici une épopée époustouflante.
L’univers, original et bien construit, se découvre à travers l’héroïne et c’est là l’une des forces de ce roman : les informations sont distillées de manière fluide et bien amenées, sans nous surcharger et l’on découvre au même rythme qu’Ophelie ce monde mystérieux. Cette attente a été pour moi un moteur incroyable dans ma lecture et je guettais à chaque page les révélations. Pourquoi le monde est-il dans cet état-là ? Est-ce vraiment Dieu qui l’a détruit comme l’introduction le suggère ? Qui sont ces esprits de famille,… Les questions affluent et les indices se font rare. L’humanité semble être revenue à un niveau de vie et à une époque plus ancienne proche de la révolution industrielle, avec toutefois un petit côté steampunk. Le musée qu’Ophélie dirige possède pourtant des objets d’avant la déchirure, ce qui laisse supposer que l’histoire prend bien place dans notre propre time-line et que l’on est dans un univers post-apocalyptiquo-steampunk…
L’écriture est fluide, le vocabulaire vraiment riche, et j’ai pris un grand plaisir à découvrir la qualité d’écriture de l’auteure qui aime jouer avec les mots et les expressions. Une qualité d’ailleurs bien trop souvent absente des productions actuelles ce qui ne l’a rend que plus appréciable ici.
Les personnages dépeints sont également attachants, bien travaillés et vraiment charismatiques. Ophélie et Thorn entre autres, font figure d’antihéros. Ils ne sont ni beaux, ni populaires, mais font preuve de beaucoup de profondeur. La jeune Anima, que l’on découvre un peu soumise et résignée au début du livre, se révèle en réalité une force calme. Elle est réfléchie patiente, intelligente, pleine de ressources… et contrairement à ce que la société attend d’elle (et des femmes en général, en particulier sur son arche) elle n’hésite pas à prendre des initiatives et à tenir tête à ses détracteurs. Thorn, quant à lui froid, insensible et stoïque au premier abord, se révèle en réalité avoir de grandes difficultés à exprimer ses sentiments…
J’ai également beaucoup apprécié la tante d’Ophélie, Roseline, accompagnant sa filleule à titre de chaperon et supposée veiller sur elle jusqu’au mariage. Un personnage bien plus complexe qu’il n’y paraît, un peu terne, abrupte, austère et à qui je finirai pourtant à m’attacher. Elle a vraiment été un grand soutient pour Ophélie tout au long des épreuves imposées à la jeune femme et la source de moments humoristiques. De nombreux autres personnages viennent compléter la galerie, que l’on prend plaisir à aimer ou à détester, mais aucun ne m’ont laissé indifférent.
L’intrigue de prime abord plutôt simple, mais que l’on devine en réalité complexe, est totalement axée autour du personnage d’Ophélie. Certaines des critiques que j’ai pu lire reprochaient au titre certaines lenteurs, le manque d’action, l’absence de Thorn durant la majeure partie du roman… et c’est pourtant là le coup de maître de l’auteure. Tout comme Ophélie on se retrouve exilé, isolé sur une Arche dont on ne connaît absolument rien, à commencer par les dons propres à ses habitants. Comme elle on s’ennuie, on se sent abandonné, on se demande pourquoi elle a été choisie, ce qui se cache derrière cette union. Comme elle on se sent frustré jusqu’au moment, libérateur, ou elle finit par braver l’interdit et s’échappe pour partir à la découverte de la cité où elle réside. On fait des découvertes au même rythme qu’elle, au compte-gouttes, chaque révélation apportant son lot de questions et de danger… Et cet univers et cette intrigue sont tellement complexes à décrire et à raconter qu’un seul tome ne suffit pas. En réalité, les fiancés de l’hiver constitue à mes yeux un avant-goût, une sorte d’introduction à une saga qui ne prendra vraiment son envol qu’à la toute fin de ce roman, une fois le lecteur suffisamment bien armé pour appréhender les enjeux et dangers auxquels font face nos héros, et l’on sent bien que l’histoire que l’on vient de vivre n’est qu’un prélude à une aventure bien plus grande encore…
le roman est d’ailleurs divisé en deux parties distinctes : l’arrivée sur la nouvelle arche (qui permet au lecteur de prendre mesure de l’environnement et de l’ambiance générale dans lesquels vont évoluer les protagonistes, et une seconde partie où l’on se retrouve à la Citacielle, tour flottante abritant l’esprit de famille du Pôle et les courtisans de sa cour, permettant de découvrir les différentes factions ou familles qui s’affrontent, les intrigues auxquelles ils se livrent et les enjeux présents à la clé, et qui seront nos ennemis potentiels…
Ce tome m’a vraiment laissé sur ma faim, dans le bon sens du terme. J’ai découvert des personnages attachants et surtout une héroïne hors du commun et semblable à nulle autre, que l’on quitte en fâcheuse posture, un univers onirique, riche, complexe et intriguant que l’on effleure à peine et qui réserve encore de nombreux mystères. Je n’avais qu’une hâte en refermant ce tome, me jeter sur le suivant…
Univers/originalité :
Personnage/charisme :
Histoire/ressenti :
Objet livre :
Moyenne
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LA PASSE MIROIR livre II – les disparus du Clairdelune
« […] Ça me revient, Dieu a été puni.
Ce jour là, j’ai compris que Dieu n’était pas tout puissant.
Je ne l’ai plus jamais revu depuis. »
On retrouve Ophélie où on l’a laissée dans le tome précédent : en chemin pour rencontrer Farouk, l’esprit de famille du Pôle. La mort assassinat de tous les membres du clan du Dragon, à l’exception de Thorn et de sa tante Berenilde, ayant grandement fragilisé leur position au sein de la cour, ils espèrent être en mesure de conclure un marché pour assurer leur protection. Mais suite à un quiproquo, voilà la jeune femme promue vice-conteuse, chargée de raconter chaque soir une histoire au géant…
En parallèle des nobles disparaissent mystérieusement au cœur même de la Citacielle, pourtant réputée pour être un endroit sûr, et notre jeune héroïne se voit rapidement chargée de mettre à profit ses talents de Liseuse pour résoudre cette sombre affaire.
a
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Ce second tome haletant et sans aucun temps mort, nous entraîne au cœur des intrigues de la cour mais pas seulement : on en découvre enfin beaucoup plus sur l’univers créé par l’auteure, sur sa mythologie/genèse, et sur un danger sous-jacent bien plus inquiétant encore… Ophélie est ballottée de gauche à droite au fil de ses découvertes, et sa vie n’a jamais été aussi menacée. Et voilà qu’elle doit également composer avec sa famille qui, s’inquiétant de ne pas avoir de nouvelle, s’invite sur l’arche !
Sa relation avec Thorn quant à elle, évolue par à-coups, la sur-protection à laquelle il la soumet ayant une nette tendance à la pousser, par pur esprit de contradiction, au-devant des ennuis. Elle s’affirme d’avantage, prend ses propres décisions, se rebiffe, et s’affranchit de son ascendance pour découvrir par elle-même ce milieu contre lequel il ne cesse de la mettre en garde, pour le meilleur ou pour le pire…
À noter également, la présence de chapitres particuliers très courts, distincts de la trame principale, qui nous présentent la jeunesse de mystérieux enfants (on devine assez rapidement de qui il s’agit) apprenant à maîtriser leurs pouvoirs sous la tutelle de « Dieu ». Ces chapitres, sorte de souvenirs flous, sont très intrigants : ils semblent appartenir à l’époque d’avant la déchirure et sont tous vécus du même point de vue, celui d’un dénommé Odin… Je les attendais avec impatience, guettant chaque nouveau chapitre dans l’espoir d’en apprendre un peu plus sur l’avant catastrophe.
Un tome encore meilleur que le premier ! De l’action et des révélations à foison, un univers qui s’étoffe et se complexifie… Vivement le tome 3 !
Univers/originalité :
Personnage/charisme :
Histoire/ressenti :
Objet livre :
Moyenne
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19 comments on “COUP DE CŒUR : LA PASSE-MIROIR T01-02”