Bonjour à tous ! Nous nous retrouvons cette fois-ci pour découvrir un nouveau maillon de la chaîne du livre : l’attaché(e) de presse. Pour se faire j’ai réalisé l’interview d’Emily, qui travaille au sein d’une maison d’édition de romans jeunesses.
Petit aparté : on m’a fait la réflexion que les réponses à certaines des questions que je posais dans mes interviews « métiers du livres » semblaient évidentes. Je tiens à vous répondre qu’en effet, c’est le cas pour certaines, mais gardez en tête que je tente de faire un tour le plus précis et descriptif possible des métiers du livres, et que parmi mes lecteurs peuvent se trouver des gens très jeunes ou pas forcément au courant du monde du livre. Je me dois donc de penser également à eux. Et si une question ne vous intéresse pas, vous êtes libres de passer à la suivante sans en lire la réponse 🙂
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Bonjour ! Peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Emily et je suis attachée de presse et community manager dans l’édition, spécialisée en littérature de jeunesse. Je suis également blogueuse de longue date (dix ans maintenant !) et je tiens un webzine culturel avec mon mari : Café Powell. Après une licence en anglais et un DUT métiers du livre, je me suis tournée vers un master édition en alternance, obtenu en 2014. Je suis une lectrice passionnée, qui aime écrire, tweeter et voyager !
Qu’est-ce qui t’a amené à faire ce métier ?
Comme beaucoup de jeunes, je me suis longtemps cherchée. Pendant mes deux premières années post-bac, je n’ai même pas osé rêver de travailler dans le milieu du livre. C’est un milieu exigeant, réputé difficile et hermétique ! On me poussait vers le professorat, un domaine plus rassurant pour ma famille. De plus, le milieu du livre est vaste : au début, j’hésitais entre bibliothèque et édition. En DUT métiers du livre, l’année d’étude que j’ai préféré, je me suis tournée vers l’édition, d’abord dans l’idée d’être éditrice.
Le déclic s’est fait au second semestre : dans le cadre d’un cours, on m’a envoyée interviewer une attachée de presse. Elle parlait de son métier avec tellement de passion qu’elle m’a convaincue !
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Comment le devient-on ? Existe-t-il des formations ? Des écoles spécialisées ?
Effectivement, il existe au moins une école spécialisée : l’EFAP (Ecole française des attachés de presse). Mais c’est une formation généraliste, qui peut vous mener aussi bien dans le luxe que dans l’agro-alimentaire ou la culture ! De mon côté, j’ai préféré une formation spécialisée dans l’édition. Elle n’était pas parfaite, loin de là, mais probablement plus satisfaisante pour moi. L’expérience gagnée lors des stages ou des contrats d’apprentissage est primordiale. J’ai été apprentie pendant un an et demi et cette expérience a été des plus formatrices !
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En quoi consiste le rôle d’un attaché de presse ?
Un attaché de presse doit faire parler des livres qu’il défend. C’est lui qui fait le lien entre une maison d’édition et l’extérieur : il traite avec les journalistes, les pureplayers et le simple lecteur.
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Quelles compétences/qualités cela demande-t-il ?
Cela demande des compétences rédactionnelles car il faut rédiger les communiqués de presse, et savoir trouver les bons mots pour convaincre. Il faut être à l’aise avec les gens, savoir adapter son discours à l’interlocuteur que l’on a en face de soi (on n’utilise pas les mêmes arguments avec un journaliste qu’avec un lecteur, par exemple). Enfin, il faut être curieux et passionné !
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À quoi ressemble une journée type ?
Je pense que c’est assez variable selon la maison d’édition où l’on travaille. Dans les plus grandes maisons, qui publient de la littérature générale, les attachés de presse sont souvent par monts et par vaux, tantôt à la radio avec un auteur, tantôt sur un plateau TV, ou encore en déjeuner presse ! L’attachée de presse que j’avais rencontrée pendant mon DUT m’avait confié que c’était un métier où l’on n’est pas enfermé derrière son bureau. Bref, dans leur cas, il n’y a pas de journée type.
Pour ma part, ma journée se divise entre les deux grands pôles de mon activité : la presse et les réseaux sociaux. Je vais de l’un à l’autre au fil de la journée, gardant toujours un œil sur ces deux aspects.
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Quelles sont tes relations avec les autres services ?
Le poste d’un attaché de presse est assez polyvalent, et l’amène à travailler avec l’ensemble des services d’une maison d’édition.
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Lis-tu tous les romans édités par ta maison d’édition ?
Oui, c’est mieux pour pouvoir les travailler ! 😉
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Joues-tu un rôle dans le processus éditorial ? le choix des titres entre autres ?
Le rôle d’un attaché de presse arrive en bout de chaîne : en conséquence, il a rarement de l’influence sur le choix des titres.
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Quelles sont tes relations avec les acteurs extérieurs, journalistes, blogueurs, lecteurs,… auteurs ?
Pour ce qui est des journalistes, des blogueurs et des lecteurs, je suis leur interlocutrice privilégiée, car c’est le cœur de mon métier. En tant que community manager, je corresponds quotidiennement avec les lecteurs, les renseignant par le biais des réseaux sociaux, mais également par mails. Pour ce qui est des auteurs, mes relations avec eux sont très limitées car je ne m’occupe pas d’auteurs français. En revanche, je peux te confier que l’attachée de presse qui m’a formée m’avait dit que, quand on s’occupe d’un auteur français, surtout quand il s’agit d’un primo-romancier, on est un peu comme une maman poule : il faut le rassurer, lui expliquer les arcanes du milieu, le soutenir.
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Et avec les blogueurs ? Pourquoi travailler avec eux ?
Les blogueurs ne sont pas un phénomène récent, pourtant, lorsque j’ai soutenu mon mémoire sur le sujet en 2014, nombreuses étaient les maisons d’édition à tâtonner encore sur le sujet. Pourquoi ? Parce que c’est un milieu qui évolue tout le temps ! Il est indéniable que les blogueurs sont devenus des prescripteurs très importants, qui se professionnalisent de plus en plus. À mon sens, il est devenu difficile (voir même impossible) de travailler sans les blogueurs et les booktubeurs. Étant moi-même blogueuse, j’ai pu observer l’évolution de la chose au fil des ans. C’est absolument passionnant, des deux côtés de la barrière.
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Que préfères-tu dans ton métier ?
Sans surprise, mon choix se portera sur les réseaux sociaux et la relation avec les blogueurs car c’est un milieu dans lequel je baigne depuis des années, avant même de devenir attachée de presse. Certains blogueurs sont même devenus de véritables amis au fil des années.
J’aime également beaucoup l’aspect rédactionnel. Petite, je voulais devenir écrivain ! J’ai toujours aimé écrire.
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Quelles sont les idées reçues sur les attachés de presse qui t’énervent ?
On imagine toujours l’attachée de presse comme une nana ultra sophistiquée, très germanopratine, montée sur talons, qui passe son temps à piailler dans son téléphone, une coupe de champagne à la main. Moi, je suis plutôt du genre jean/converses, à siroter du Coca en envoyant des tweets !
C’est en général, il faut l’admettre, un métier très méconnu. Quand mon père dit en plaisantant que je cours les cocktails et que mon quotidien est fait de champagne et de petits fours, un de mes amis m’a confié récemment qu’il pensait que j’étais « une sorte de journaliste ». Hum, ce n’est pas vraiment ça…
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Et pour finir, que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait faire ce métier ?
Je lui conseillerai de privilégier une formation en alternance, et de se créer un blog. C’est un atout indéniable, et ça vous permettra de nouer vos premiers contacts !
Encore merci à toi pour avoir pris le temps de répondre à mes questions !
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4 comments on “MÉTIERS DU LIVRE : ATTACHÉE DE PRESSE”