Voici un post un peu différent de ce que je fais habituellement, puisque cette fois-ci je vais faire appel à votre avis de lecteur/consommateur ! Aller zouh !
Vous savez, quand on est graphiste dans le monde de l’édition — où ailleurs — il n’y a pas de formation spécifique pour être capable de créer des visuels répondant aux attentes du public ciblé. C’est au graphiste lui-même d’enrichir ses connaissances, d’être curieux et d’aller voir ce qui se fait chez les concurrents pour pouvoir répondre aux demandes du secteur dans lequel il se trouve (ici produire des couvertures qui soient « à la mode », qui trouvent un écho chez les lecteurs car elles ressemblent aux autres titres similaires). Le problème c’est que tous les graphistes — et donneurs d’ordre — sont dans le même cas de figure, tout le monde s’inspire de tout le monde, et donc finalement c’est un peu le serpent qui se mord la queue : on est supposé produire des visuels qui vont parler aux lecteurs sans savoir ce que ces derniers attendent réellement (puisque nous ne sommes pas eux), et du coup ces mêmes visuels (qui ne correspondent peut être pas aux attentes) vont finir par modifier ce que les « cibles » sont habituées à voir, et donc ce qu’ils s’attendent à voir. C’est compliqué ? Alors voici un exemple concret :
Jusqu’à une certaine période le père noël (Saint-Nicolas) était décrit et représenté portant du vert. Si à cette époque vous aviez dû produire un visuel, c’est également de cette façon que vous l’auriez probablement mis en scène, car c’est la vision qu’en avaient les gens de l’époque. Or, depuis la pub de Coca-Cola qui l’a affublé de la tenue rouge actuelle — reprise ensuite par d’autre médias/support — sa représentation dans l’imaginaire collectif à complètement changé pour intégrer cette nouvelle version, et aujourd’hui un père-noël vert semblerait plutôt étrange. On avait donc bien ici une attente initiale du public cible qui influençait les créatifs, avant que les créatifs (ou plutôt un, qui a ensuite été repris par d’autre qui s’en sont inspirés) n’influencent à leur tour les attentes de ce même public.
Si dans l’ensemble je pense avoir une représentation plutôt juste de l’environnement littéraire actuel et des attentes des lecteurs (car j’en suis un moi-même, que je regarde ce qui se fait en France et à l’étranger), je doute quand même beaucoup de mon travail. Après tout je n’ai pas la science infuse, mes goûts esthétiques (et j’en suis bien conscient) sont fortement influencés par ce que je vois (et donc ce que d’autres graphistes on fait) et au final, s’est-on seulement planché sur l’avis des lecteurs eux-mêmes, ne serait-ce qu’une fois ? J’ai été confronté à cette problématique très récemment lorsque j’ai dû travailler sur Le Faiseur de Rêves de Laini Taylor, et c’est au sujet de ce titre que je vais faire appel à vos retours.
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Entendons-nous bien, je trouve la couverture originale plutôt jolie esthétiquement. Pourtant je ne la trouve pas extraordinaire non plus, ou suffisamment narrative (elle n’excite pas mon imaginaire), et pour moi les deux seuls « intérêts » sont le fer-à-chaud doré en forme de papillon — magnifique au passage — mais qui ne dévoile par grand chose du roman, de son univers, des personnages… et le motif carte stellaire qui apparaît dans le fond du ciel, qui communique une idée de voyage, d’exploration. Pour moi cette couverture aurait aussi bien pu servir pour un livre sur le développement spirituel ou autre sujet « ésotérique ». Une couverture jolie, mais qui ne me permet pas de rentrer dans le roman en tant que lecteur en somme. Je respecte totalement les couvertures de ce genre et les lecteurs qui considèrent qu’une couverture doit être neutre pour leur laisser la liberté d’imaginer l’univers du livre, sans les influencer. Soit, mais à mon humble avis cela concerne un pourcentage relativement réduit de lecteurs, une niche, qui de surcroît est attiré par un autre genre de roman que celui-ci.
C’est avec cet avis en tête que j’ai décidé de partir sur un concept totalement différent, mettant en scène les deux personnages principaux (une déesse à la peau bleue capable de visiter les rêves des dormeurs (grâce a ses papillons quelle envoie se poser sur le front des dormeurs), et notre héros, Lazzlo, qui voit cette étrange déesse quand il dort). La série étant composée de deux tomes je trouvais intéressant de créer des couvertures qui se répondent l’une-l’autre.
Si dans un premier temps le concept a été très bien accueillit par l’équipe éditoriale (le concept était « génial »), l’avis de certains représentants commerciaux (chargés de « vendre » le livres aux différents points-de-vente) qui appréciaient la version VO (américaine) a fini par prendre le pas sur mon projet, qui de son côté a été réduit à l’état d’images promotionnelles supplémentaires pour des habillages de sites web, des marques pages, ou tout autre support que l’on pourrait être amené à créer par la suite. Vous-vous doutez que de mon côté la déception a été plutôt grande (j’étais vraiment emballé par mon concept). Et au delà de la déception, cette décision éditoriale à provoqué un conflit intérieur, entre la partie convaincue qu’il s’agissait là d’une erreur éditoriale, que ce projet aurait rencontré beaucoup plus de succès auprès des lecteurs, et celle qui doutait du bien fondé de mon opinion, du concept, de ce que je pense avoir compris et intégré en tant que graphiste de l’édition française et de ma vision du paysage littéraire, de ce qui fonctionne et de ce qui plaît.
>>> Et c’est donc ici que je vais avoir besoin de votre assistance : j’aimerai beaucoup que vous répondiez à ce questionnaire en commentaire, pour m’aider à y voir plus clair.
1. Quel est votre âge
2. Quel est votre sexe
3. Quel(s) est (sont) votre(vos) genre de roman favoris (dystopie, fantastique, thriller,…)
4. Est-ce que la couverture finale (bleue avec le papillon) vous donne envie de prendre le livre en main pour lire son résumé ?
5. Est-ce que la couverture finale (bleue avec le papillon) jouerait un rôle positif dans la décision d’achat (vous hésitez mais la couverture vous a convaincue de le prendre) ?
6. Est-ce que les projets de couverture (illustrés) vous donnent envie de prendre le livre en main pour lire le résumé ?
7. Est-ce que les projets de couverture (illustrés) joueraient un rôle positif dans la décision d’achat ?
8. Quel concept de couverture préférez-vous ?
Vos réponses m’aideraient vraiment à y voir pus clair (je pourrai faire un joli graphique pour visualiser quel type de lecteurs (basé sur l’âge, le sexe et leurs préférences littéraires) aiment quel type de couverture). Et bien sûr, plus j’aurai de réponses, plus mes résultats seront affinés, et plus ces même résultats seront fiables. Donc n’hésitez pas à partager, sans pour autant tagger les éditions Lumen (je n’ai pas spécialement envie de me faire taper sur les doigts pour avoir parlé du process créatif derrière ce titre). Merci 🙂
36 comments on “AIDEZ UN GRAPHISTE !”